L'argot du vin

Rédigé le 22/12/2020

Langage fleuri et rouge qui tâche

Le vin peut rendre poète un rustre, et inversement. Depuis des siècles, des hommes et des femmes -attablés autours d’une bouteille ou accoudés à un comptoir- rivalisent d’inventivité pour parler de leur breuvage. Des terrasses marseillaises aux troquets bellevillois, des winstubs alsaciens aux trinquets basques, on s’échange des bons mots autour du vin et on lui donne des surnoms plus ou moins bienveillants. Voici un petit florilège à mémoriser pour entamer la conversation dans les bistrots où l’on boit en solitaire… 

 

Pour commander un verre de vin rouge sans plus de précision, vous pouvez demander un « lait soviétique », un « chasse-cafard » (s’il pleut), un « douze degrés » ou, mon préféré, un « jus de bois tordu »

 

Vous êtes plutôt un amateur de vin blanc ? Vous êtes du genre à « peloter la blonde » ? Dans ce cas quémandez un « pivois savonneux », un « pierrot » ou un « blanchouillard »

 

La bouteille se débouche, le verre se remplit, la premier gorgée descend. S’il est bon, vous pouvez admirer à voix haute cette « liqueur de treille », ce « petit-velours », quel « gourd » ! quel « huré »

 

Si au contraire il vous brûle le palais et vous rappe la langue, pestez contre ce « chasse-cousin », ce « vin de cocher » ou « d’accessoire » (qu’on donnerait tout juste à un comédien pour qu’il boive sur scène) ! Si en l’occurence on vous a servi un gros rouge bon marché, vous le qualifierez d’ « ouvre-cuisse », de « picrate », de « pousse-au-crime » ou de « barbelé »

 

Élargissons maintenant notre vocabulaire quant aux quantités. Pour un seul verre, vous parlerez de « sens unique », pour un petit verre commandez un gorgeron. Grande soif ? Pour un demi-litre demandez « l’absinthe de vidangeur », pour un litre ce sera un « légionnaire ». Pour parler de la dose ingurgitée par un poivrot, on parlera de sa « piolée ». Le « vin en cercles » désigne le vin encore en fût et le « coup d’après » c’est le demi verre cul sec après la soupe (tradition qui se perd, j’en conviens). 

 

Les plus aventuriers commanderont un « état major » (vin blanc/sirop de citron), un « communard » ou un « cardinal » (vin rouge et liqueur de cassis).

 

Vous voilà armés de jolis mots pour faire rire vos amis au prochain dîner ou survivre à un voyage dans les années 60 ! 

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