Rédigé le 07/11/2020
Nostalgie du non-acquis
Pendant que l’on confine, seul ou en famille, en espérant tout bas des festivités incertaines, nous reviennent en mémoire les moments magiques que le vin nous offrait ou accompagnait avant « tout ça ». Des verres bus en bonne compagnie, des bouteilles qui tintent au fond du cabas, comme des cloches de fête qui sonnent entre le gigot et le chocolat noir. Des bouchons de champagne qui sautent au dessus d’un voile de mariée. En attendant que la maladie ne se rende compte de son manque de politesse et de respect pour ce que l’Homme a essayé de construire de convivial depuis des siècles, qu’elle se retire en s’excusant de nous avoir dérangés et nous prie de reprendre nos vies là où on les a laissées, souvenons-nous de ces verres magiques que l’on a cru acquis…
Le petit rouge au comptoir avant un rendez-vous, celui qu’on boit sans enlever son manteau. On n’a même pas pris la peine de demander la carte, le garçon nous sert un gamay un peu éventé mais qui a su garder quelques qualités en nous attendant. On regarde l’heure sur la pendule du bistrot. Encore vingt minutes. On est entre deux rendez-vous, le vent d’automne a annulé la balade dans le parc que l’on avait prévue pour combler le trou. On paye en espèce, on efface le tannin de nos lèvres, et on file…
Les deux ballons en terrasse avec un amour passé. On a tant de choses à se dire depuis ces mois qui nous séparent de ces adieux auxquels on croyait à moitié. On se sourit avec tendresse, l’amertume est passée. On échange des banalités, on s’accorde sur la même bouteille, on trinque sans dire à quoi…
Le blanc très frais à l’ombre des platanes. On le partage à quatre dans une maison que l’on découvre : un ancien moulin à eau où courent le lierre et les enfants. C’est le début des vacances, la visite du domaine attendra. On laisse les bagages dormir encore un peu dans le coffre de la voiture, un nouveau rythme s’installe…
Le vin d’honneur autour de la piscine. Après un rapide examen des bouteilles en présence, on a choisi et on se sert. Tout le monde est debout, tout le monde sourit. Quand la mariée s’absente, les regards des messieurs sont attirés par sa soeur et les plis tendus de sa robe jaune. Une pétanque s’organise dans le fond du jardin. On tient le verre par le pied pour ne pas que la chaleur le gâte…
Amis, ne soupirez plus : tous ces moments précieux reviendront et la vie retrouvera son goût de raisin !